Les outils, la technique : plumes biseautées, les pleins et les déliés…
Les plumes… On pense aux plumes d’oiseaux, aux plumes pointues Sergent-Major des écoles primaires de nos aïeux ! Il faut en fait surtout distinguer deux types d’outils pour deux usages bien distincts : les plumes pointues : type Sergent-Major qui servaient à tracer la « Ronde » sur les cahiers lignés ; et les plumes pointues coudées utilisées pour tracer les arabesques « L’anglaise ».

Que se passe-t-il ? La variation de la pression sur la plume fait que les deux brins de métal s’écartent ou restent jointifs pour dessiner pleins et déliés.
Les plumes ou outils biseautés : plumes d’oiseaux taillées en biseau, ou plumes métalliques, comportant souvent un réservoir : le biseau varie de 1 à 4 mm, les calames (bambous) ou automatic pen (en métal) permettent des tracés dans de plus grandes largeurs (jusqu’à quelques cm). Pour ces outils, c’est l’orientation constante de la plume (30° pour la Caroline) et une pression toujours identique qui va permettre le tracé du plein et du délié. On trace suivant l’angle de tenue de plume : trait fin, on tourne : le trait s’épaissit et devient le plein maximal de la largeur de plume lorsqu’on trace en descendant perpendiculairement à l’angle de tenue de plume.
L’utilisation du bambou donne une sensation plus douce que les plumes métal qui sont néanmoins plus précises dans le rendu des déliés. les outils larges peuvent aussi s’improviser : comme un morceau de cagette coupé et poncé.
Autre outil : le pinceau qui, tenu au bout des doigts au dessus de la feuille, gérant à la fois les pleins les plus larges et les déliés les plus étroits est l’outil de la spontanéité et de l’expression d’une concentration harmonieuse pour les calligraphes de l’Extrême-Orient.

Un peu d’histoire…
Avant que les livres ne soient reproduits en caractères mobiles de plomb grâce à l’invention de Gutemberg (1545), chaque texte était écrit à la plume métallique ou au calame (roseau) et constituait de ce fait un original.
Les alphabets comme l’onciale (vers 600) ou un peu plus tard, la caroline initiée par Charlemagne (fin du VIIIè siècle) étaient calligraphiés, c’est à dire interprétés par les moines, les copistes qui y méttaient leur personnalité (on parle du « ductus » de la page), en choisissant de plus tel ou tel outil, tel ou tel support, telle ou telle encre.
La caroline sera utilisée dans tout l’Europe sous sa forme initiale jusqu’au XIè siècle et réadaptée au goût de la Renaissance pour devenir l’écriture humanistique.
A la différence de l’écriture courante, la pratique de la calligraphie consiste à dessiner des lettres très lentement.
Le travail pour la maîtrise des formes exige une concentration et permet une implication très personnelle de cet art.